Sandrine MONTCOUDIOL, metteur en scène

Suite à la création de "Ad Libido" avec les artistes de la compagnie 1084 °C, j'ai accepté avec grand plaisir l'idée nouvelle d'un spectacle avec les deux trompettistes.

L'enjeu était alors de créer une forme originale, plus légère et plus facilement exploitable en tournée, dans laquelle la musique et le théâtre auraient chacun une place équivalente et très liée, où l'intrigue naîtrait de la présence de deux musiciens dans le spectacle. Déjà lors du spectacle "Ad Libido", je m'étais appuyée sur une belle amitié entre Marc et Vincent et leur différence physique évidemment amusante. Pour affirmer cette différence, le choix du musicien classique bourgeois et celui du musicien de rue saltimbanque nous ouvre des possibilités de confrontation très actuelles, et d'un point de vue dramaturgique, en ces temps où l'on entend beaucoup parler de France des riches et celle des pauvres et où les écarts entre les couches sociales élevées et populaires ne cessent de se creuser, et d'un point de vue musical puisque nous pourrons faire coexister des répertoires musicaux très différents. 

Le choix du lieu (le compartiment) offre des perspectives de recherche formidables : il fait bien sûr référence au voyage, qui est une partie intégrante de la vie d'artiste. Mais c'est aussi un lieu clos qui oblige à la confrontation, en même temps qu'un lieu ouvert sur l'extérieur, avec un paysage qui défile, c'est un espace qui emmène ailleurs. La situation de la rencontre dans un train permet au spectateur dans son réalisme banal, de s'identifier facilement à ces deux musiciens qui rentrent chez eux. De cette situation on s'évadera vers des terrains burlesques et poétiques, où les rouages les plus farfelus sont permis. Les fantasmes des deux personnages peuvent alors s'exprimer, mais le retour à la réalité est permis à chaque instant.